Entrepreneuriat Témoignages de professionnels

Entrepreneuriat : Ulrich SOSSOU, le multi-entrepreneur béninois à succès, nous partage ses expériences

Ulrich SOSSOU, jeune entrepreneur béninois de 32 ans, est le créateur et co-fondateur de plusieurs entreprises : l’outil d’édition en ligne FlyerCo, le service en ligne Botamp, l’incubateur TEKXL, la compagnie Happierco, pour n’en citer que quelques-unes.

Oui, ça fait beaucoup d’entreprises, mais plus impressionnant, les entreprises d’Ulrich SOSSOU ont du succès non seulement en Afrique mais aussi à l’international.

FlyerCo, l’outil d’édition pour les agents immobiliers qu’il a créé avait plus de 10.000 utilisateurs, essentiellement aux Etats-Unis, quand il a été revendu en 2016. Ulrich SOSSOU a développé une plateforme digitale pour l’université Stanford aux Etats-Unis et a eu des clients au Royaume-Uni. Tout cela depuis le Bénin.

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Comment Ulrich SOSSOU a-t-il réussi à créer toutes ces entreprises et à les faire évoluer ? Et surtout, comment a-t-il réussi à attirer l’attention du marché international ?

Nous avons eu l’honneur de l’interviewer pour qu’il partage avec nous ses expériences. Lisez plutôt.

Sharing Professional Experiences : Bonjour Ulrich. Merci pour le temps précieux que vous nous accordez. On entend souvent dire que c’est très difficile d’entreprendre. Pourtant, vous l’avez fait…plusieurs fois. Pourriez-vous nous dire ce qui vous a poussé à devenir un entrepreneur et, surtout, à créer autant d’entreprises ?

Ulrich SOSSOU : Je suis tombé dessus par hasard. Nous n’avons pas vraiment de culture de l’entrepreneuriat dans notre pays. Je pensais que tout ce que je pouvais faire, c’était finir mes études à l’étranger puis trouver un bon boulot excitant. Peut-être me lancer dans la recherche scientifique, avoir un prix Nobel ou quelque chose du genre.

C’est d’ailleurs en cherchant des universités étrangères pour aller y étudier que je suis devenu accro d’Internet. J’y ai rencontré des gens qui avaient des problèmes à résoudre et qui étaient prêts à payer pour. C’était dans mes cordes, j’avais besoin d’argent pour financer mon utilisation croissante de l’Internet. Je me suis donc lancé. Je me suis très vite rendu compte du potentiel de ce que je faisais, et j’ai décidé d’arrêter de chercher à étudier ailleurs.

En faisant une rétrospective, depuis mon enfance, j’ai toujours aimé créer des choses pour résoudre des problèmes. J’ai essayé diverses choses qui m’ont amené à lancer des dizaines de projets. La plupart ont été abandonnés très tôt, mais quelques-uns sont devenus des entreprises.

SPE : Vous parliez récemment sur votre page Facebook des échecs que vous vivez et qui ne sont pas forcément mentionnés quand on décrit votre parcours, faisant croire que vous vivez « un conte de fées ». Pourriez-vous nous parler de quelques difficultés que vous rencontrez dans votre parcours et comment vous faites pour les surmonter ?

US : Oh, ce sont des choses de tous les jours. Je ne sais même pas si les mots « échecs » et « difficultés » sont appropriés dans ce contexte. Peut-on dire qu’un enfant qui tombe pendant qu’il apprend à marcher a subi un échec ? Pour moi, il s’agit d’expérimenter beaucoup pour comprendre ce qui marche. La plus grande difficulté c’est d’être un pionnier du domaine dans notre environnement. Il n’y a personne, qui l’ait fait avant nous, à qui se référer.

Mes plus gros échecs, je dirais que c’est d’avoir parfois abandonné trop tôt certains projets.

SPE : Plusieurs personnes souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat font face au manque de financement pour démarrer et lancer leurs services. Comment avez-vous fait pour obtenir le financement nécessaire pour démarrer vos entreprises ?

US : Je n’en ai pas obtenu. Il n’y en a pas. Attendre un financement dans un pays où il n’y en a quasiment pas pour des projets dans l’innovation, c’est comme vouloir jouer à la loterie. Si j’ai le genre de projet qui nécessite un financement au-dessus de mes moyens, je le jette au placard.

J’ai commencé petit, avec mon argent de poche d’étudiant. Puis je me suis attaqué progressivement à de plus gros projets. Peut-être qu’un jour il sera plus facile d’obtenir du financement. Ce jour-là, l’attitude de l’entrepreneur devra être différente. Mais nous n’y sommes pas encore.

« Au lieu de chercher à partir, il est mieux d’apprendre à déceler les milliers d’opportunités qu’il y a ici. » Ulrich SOSSOU

SPE : Beaucoup de jeunes pensent que pour réussir, il faut absolument aller étudier à l’étranger. Pourtant, vous avez effectué tout votre cursus universitaire au Bénin et vous vous en sortez très bien. Quels conseils donneriez-vous à ces jeunes ?

US : Ce ne sont pas les jeunes. C’est ce qu’on leur a appris. C’est ce qu’on leur demande de faire. C’est ce que l’Etat encourage. On donne des bourses aux meilleurs du pays pour aller étudier à l’étranger. On les exporte gratuitement, pour enrichir d’autres pays, avec la bénédiction de leur famille et des autorités. Le jour où ils quittent le pays, on le célèbre comme une fête. Quel message cela véhicule-t-il ? Que vont comprendre ceux qui sont restés ? Ne vont-il pas comprendre que rester ici, c’est être dans une mauvaise situation, et chercher désespérément à partir aussi ? Une fois qu’on est parti, il est quasiment impossible de revenir.

Ce n’est pas de leur faute aux jeunes de penser ainsi. Nous sommes en grande partie ce que la société fait de nous. Ce que je peux dire, c’est que j’ai eu la chance de ne pas être exporté. Je le vois comme une bénédiction. Au lieu de chercher à partir, il est mieux d’apprendre à déceler les milliers d’opportunités qu’il y a ici.

« Lorsque j’ai commencé, je ne savais pas que c’était impossible…Je n’ai pas laissé mes faiblesses ou mon environnement me limiter. » Ulrich SOSSOU

SPE : Vous avez réussi à attirer l’attention du marché international notamment anglophone (USA, Royaume-Uni) et des clients impressionnants comme l’Université de Stanford. Qu’est-ce qui vous a incité à étendre autant votre cible et à oser aller sur le marché international ?

US : La naïveté. Lorsque j’ai commencé, je ne savais pas que c’était impossible. J’allais sur des forums, je voyais des êtres humains comme moi qui faisaient quelque chose à partir de leur chambre à coucher. J’ai juste fait la même chose parce que, même si je suis en Afrique, je suis aussi humain, n’est-ce pas ? J’étais naïf de ne pas voir les limites que peut avoir un jeune en Afrique et de penser que je n’étais pas différent des autres ailleurs.

J’avais du mal à écouter et parler anglais. Puis j’ai interagi avec beaucoup d’anglophones qui écrivaient très mal l’anglais, avec beaucoup de fautes, mais qui trouvaient des clients. Mon anglais écrit, encore imparfait, que j’avais appris, à l’école béninoise, après quelques années d’apprentissage et surtout de punitions, était bien meilleur que le leur. Ils avaient des forces et des faiblesses. J’en avais aussi.

Je me suis donc concentré sur mes forces et je les ai mis à la disposition de clients qui en avaient besoin. Je n’ai pas laissé mes faiblesses ou mon environnement me limiter.

SPE : Quelle stratégie avez-vous adoptée pour attirer l’attention de ces clients internationaux et quelles difficultés avez-vous rencontrées dans votre démarche ?

US : J’ai juste créé des choses dont ils avaient besoin. C’était difficile mais j’ai dû travailler de longues heures, pendant des années, à améliorer mes compétences. Au fur et à mesure, je trouvais des gens qui en avaient besoin et je leur proposais mes services. J’ai dû contacter des dizaines de personnes pour avoir les premiers clients. Puis, je me suis fait une réputation et les clients venaient à moi tous seuls.

SPE : Au vu de votre expérience, que conseilleriez-vous aux entrepreneurs africains quant au choix de leur clientèle cible ?

US : Au début, c’est plutôt, en quelque sorte, votre clientèle qui vous choisit. Montrez juste ce que vous savez faire. Contactez des clients potentiels et obtenez leur feedback. Ils vous diront si vous pouvez leur être utile ou pas, et, si non, de quoi ils ont besoin. Vous saurez ainsi sur quels points vous améliorer. Faites cela constamment, tous les jours, et au bout d’un an ou deux, vous aurez une idée de la direction à prendre.

L’erreur que l’on fait souvent, c’est qu’après avoir étudié pendant de longues années des choses inutiles dans la vie réelle, on pense qu’il suffit de quelques semaines ou mois pour trouver des clients et réussir. Ce n’est pas du tout le cas. Cela prend aussi des années.

« L’entrepreneuriat, ce n’est pas comme l’école où il faut obtenir 20/20. » Ulrich SOSSOU

SPE : Quel est votre mot de fin à destination des jeunes intéressés par l’entrepreneuriat ? 

US : Commencer. L’entrepreneuriat ce n’est pas comme l’école où il faut obtenir 20/20. Si vous attendez d’être un 20/20, vous n’y arriverez jamais. Ce n’est pas possible. Faites ce que vous pouvez avec vos moyens. Ne vous laissez pas paralyser par des rêves trop grands.

Faites ce que vous pouvez pour apporter une solution à une personne, puis 2, puis 10 personnes. Commencez petit. Après quelques années, vous aurez les ressources pour réaliser des rêves de plus en plus grands.

Si vous ne commencez pas et que vous attendez un financement, ou un projet parfait, ou autre chose, vous n’y arriverez jamais.

Même si vous obtenez un financement par exemple, sans expérience, vous le gaspillerez très vite. La première expérience entrepreneuriale, ou la seconde, ou peut-être même la troisième est rarement un succès. Plus vite vous commencez, plus vite vous passez l’étape d’échec et d’apprentissage qui va vous conduire vers le succès.

SPE :  Merci beaucoup pour vos précieux conseils. Nous vous souhaitons tout le meilleur dans vos entreprises.

(3 commentaires)

  1. J’aimerais bien de vos conseils
    Pour m’engager dans l’entrepreneuriat
    Je suis vraiment ému par votre histoire

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    1. Bonjour. Merci pour l’attention accordée à notre article. Nous vous invitons à suivre Ulrich SOSSOU sur Facebook. Il partage souvent des articles sur son expérience et sur l’entrepreneuriat, qui vous seraient sûrement utiles .

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  2. ravi d’avoir lu l’article de mon grand frère Ulrich SOSSOU, je compte en profiter et respecter ses conseils.. Merci!

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